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L'Oustal

Présentation :

Né de la volonté de l’Amicalisme Aveyronnais, cet immeuble est destiné à rassembler en un lieu commun les espaces nécessaires aux activités des 300.000 Aveyronnais de Paris et tous les Aveyronnais d’Ici et d’Ailleurs. C’est un lien supplémentaire entre tout le mouvement amicaliste aveyronnais de par le monde, Paris et le département.
Construit à l’Initiative de la FNAA, il a été financé uniquement par l’épargne des Aveyronnais d’Aveyron et d’Ailleurs sans argent public.

La première pierre de l’Oustal a été posée le 23 décembre 1993, en présence de M. Jacques Chirac, maire de Paris, Jean Puech, ministre de l (...) Lire la suite >

Marché des Pays de l'Aveyron

Le département de l’Aveyron est riche d’un grand nombre d’entreprises familiales, artisanales ou industrielles concevant et fabriquant des produits de haute qualité. Le Marché des Pays de l’Aveyron se veut être une vitrine de la technicité de ces artisans et producteurs du département. Au cours de cette manifestation, ils viennent faire partager au public leurs passions, traditions et savoir-faire.

A l'initiative de  Fédération Nationale des Amicales Aveyronnaises,   l’association des Producteurs de Pays et la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron,  le Marché des Pays de l’Aveyron se ve (...) Lire la suite >

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Actualité | 26-04-2024

Le clocher Saint-Côme (Article du Zine 2023) - Savoir-faire d'une époque

LE CLOCHER DE SAINT-CÔME 

Au XIIe siècle, les clochers deviennent les plus beaux ornements des églises, ils sont un élément architectural généralement en forme de tour plus ou moins élevée, s’élançant vers le ciel. Il ne s’agit plus d’abriter des cloches carillonnant les offices mais ils sont là pour signaler la puissance de Dieu, symbole de la présence spirituelle et de la foi.

Au début du XVIe siècle, l’église de Saint-Pierre de la Bouysse, située hors les murs de Saint-Côme, devient trop petite, la communauté demande en 1521 à leur seigneur Guy de Castelnau alors évêque de Périgueux et à leur prieur Antoine d’Estaing,  d’agrandir la chapelle du château. On confie l’ouvrage à l’architecte Antoine SALVANH qui vient d’achever la construction de la Tour de la cathédrale de Rodez (l’une des quatre Merveilles du Midi[1]), ce qui fait de lui l’un des maîtres d’œuvre le plus expérimenté de son temps.

La construction commence en 1524. Le gros œuvre fut terminé en trois années. Mais si le corps de bâtiment retient l’attention, l’œil est fasciné par la forme insolite du clocher. Monté sur une tour carrée, son dernier étage octogonal est couronné par une flèche vrillée, de gauche à droite qui s’élève à 42 m au-dessus du sol. Cette torsion d’un seizième de tour ne couvre que les deux tiers de la flèche. Aujourd’hui la partie haute se redresse, droite vers le ciel, due une reconstruction réalisée à l’économie en 1929.

L’église est achevée en 1532, date que l’on peut déchiffrer sur un des médaillons à l’intérieur de l’église et elle est consacrée à Saint-Côme et Saint-Damien, deux frères, patrons des médecins et infirmiers.

 

LA QUERELLE DES CLOCHERS

Qu’ils soient vrillés, tordus, tournés, flammés, saouls, bourrés, endiablés, les clochers tors ont fasciné et alimenté bien des imaginations et fait marcher bien des langues et couler bien d’encre. D’aucuns pensent que l’origine de cette particularité peut être attribuée à des accidents naturels, d’autres invoquent des forces surnaturelles angéliques ou diaboliques, d’autres encore à des charpentiers au sommet de leur art qu’ils inscrivent dans le temps.                         

Viollet-le Duc fut le premier architecte a soutenir que tous les clochers tors sont devenus hélicoïdaux par suite de l’emploi de bois de charpente insuffisamment sec ou bien par une erreur de conception au niveau du nombre d’enrayures. Difficile à accepter, les charpentiers savent choisir leur bois et connaissent les conséquences de l’emploi de matériaux inadéquats. 

Et le diable et les fées ? Nous trouvons des histoires dans chaque village abritant un clocher tors : la torsion serait due au clocher qui voulait suivre la course du soleil, au clocher qui se plie de rire lorsque deux mariées interchangèrent leurs époux pour le baiser rituel, due à la conséquence de la fuite d’un diable ou d’un vampire délogé par une paroissienne et qui d’un coup de queue tord le clocher... Mais à Saint-Côme, la rumeur dit que la soif serait l’élément déclencheur de la torsion du clocher. Les charpentiers avaient commencé droit, mais la soif venant, le petit vin des coteaux aidant, ils allaient moins droit  … Ainsi, autant de clochers tors autant de récits légendaires !

Alors, volonté ou fantaisie d’un charpentier, erreur heureuse, accident naturel ou contes et légendes ? Nous pouvons penser que la nature a du génie mais de là à nous laisser un clocher dont la torsion est régulière n’est pas concevable raisonnablement. La plupart s’accordent à reconnaître dans les clochers tors une prouesse architecturale mais une fois dépassé le stade de l’étonnement ou de l’admiration, se posent les questions du pourquoi. 

Rappelons-nous qu’au XIIe siècle, les clochers deviennent la vitrine des églises pour imposer la puissance à la fois du clergé et de Dieu. Alors les maîtres compagnons, les architectes, ont inventé des formes exceptionnelles pour atteindre l’objectif demandé : imposer, marquer les esprits. 

Pourquoi un tel clocher tors à Saint-Côme ?

Nous savons que la torsion est d’origine par la trace de contrat de réparation en 1627 à la suite d’un incendie déclenché par la foudre, qui stipule que la charpente doit être remise dans son état originel de torsion. En 1929 la foudre tombe une fois encore sur le clocher. L’architecte départemental Monsieur Boyer, venu constater les dégâts et assisté de compagnons charpentiers, reconnaît qu’il s’agit bien d’une spirale intentionnelle, d’ailleurs le poinçon central est  resté bien vertical et il conclut son rapport : « La déviation et la forme en spirale de cette remarquable charpente ne sont pas dues à l'action du temps ni des éléments ou à ce que l'on appelle le travail du bois mais que c'est bien la réalisation d'une idée fort originale d’entrepreneur intelligent. »

Nous devons donc exclure la thèse de l’emploi de mauvais matériaux et particulièrement d’un séchage insuffisant des bois de charpente. Salvanh, qui est resté six ans sur le chantier, est assez expérimenté pour savoir reconnaître un bois sec d’un bois vert, et il connaît les conséquences désastreuses sur les bâtiments à utiliser des matériaux médiocres et à faire reposer une toiture sur une charpente de mauvaise qualité. Les compagnons de cette époque sont des maîtres accomplis et une telle négligence n’est pas envisageable. 

 L’explication pourrait tenir dans la personnalité de Salvanh. C’est un architecte au sommet de sa carrière et il doit soutenir une réputation après avoir édifié la tour flamboyante de Rodez, il ne peut donc construire une église banale, mais les moyens financiers ne sont peut-être pas à la hauteur de ses ambitions. Alors qu’il atteint un tel sommet de virtuosité dans ses chantiers, il imagine nous laisser une église dont le clocher serait d’une originalité remarquable et en cela, il a eu raison. 

Aujourd’hui la pointe du clocher s’est redressée mais pas par fierté. Après le coup de foudre de 1929, les travaux de réfection confiés à l’entreprise Raulhac ne bénéficieront pas d’un budget suffisant pour permettre de la refaire à l’ancienne.

Il est maintenant évident que le clocher flammé de Saint-Côme reflète l’art de l’architecture amené au plus haut sommet et qu’il est bien l’expression du génie de Salvanh et de ses Compagnons, tant charpentiers que couvreurs. Volontairement et probablement en accord avec ses commanditaires, ils nous laissent un témoignage audacieux des savoir-faire de leur époque que vous pourrez admirer si vous passez par là.

Marie LUXEMBOURG

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