Actualité , Rencontre | 23-12-2016
Maurice Solignac (1920-2016) : hommage à un rassembleur aveyronnais
Né à Paris en 1920, Maurice Solignac a passé sa tendre enfance à Saint-Chély d’Aubrac, plus précisément aux Privats, où il était élevé par ses grands-parents comme beaucoup d’enfants de cette génération. Il en gardera un attachement viscéral à cette terre, à ses habitants, mais aussi y découvrira une passion pour l’élevage des vaches d’Aubrac, qui ne le quittera pas. Il gèrera le domaine des Privats tout au long de sa vie. Il sera aussi élu conseiller général du Canton de Saint-Chély d’Aubrac de 1970 à 1976.
À l’âge de six ans, il revient à Paris dans le quartier de la Bastille, auprès de ses parents Justin Solignac et Léonie Vidal. Il y fréquente l’école où il côtoie des enfants qui ne parlent pas sa langue, l’occitan. Il y découvre un autre monde, celui des cafés, hôtels et restaurants, un monde où le service aux autres est la règle. Après de brillantes études, il en fera sa profession et dirigera plusieurs établissements parisiens réputés, dont « Les Grandes Marches » au pied de l’Opéra Bastille et « La Tour de Lyon » face à la gare devenue « La Taverne de Maître Kanter ».
Maurice Solignac, très attaché aux valeurs de la famille, a épousé Yolande Blanc, originaire de Saint-Geniez d’Olt, avec qui il aura trois enfants : Jean-François, Philippe et Jean-Marc. Au fil du temps, la famille s’agrandira avec petits enfants, et arrière petits enfants.
Dans ce quartier de la Bastille où il vit, dans ce milieu des CHR où il travaille, il rencontre de nombreux aveyronnais expatriés avec qui il peut partager sa passion pour sa terre. Son père, Justin, qui fut le président de l’Amicale de Prades d’Aubrac, lui traça la voie vers la prise de responsabilité dans le milieu amicaliste.
C’est ainsi que le mardi 13 décembre 1966 au Café Henri IV, situé 1 place de la Bastille, était convoqué une assemblée générale de l’Amicale des Enfants du Canton de Saint-Chély d’Aubrac. La lettre de convocation du secrétaire général, Jules Baldit, s’intitulait « Un choix qui s’impose » et appelait à une forte mobilisation pour élire le successeur d’Hippolyte Conquet, dont la santé ne permettait pas de poursuivre sa charge. Les termes du courrier en était : « choisir son successeur..., mais un successeur d’élite par sa personnalité notoirement connue, et apprécié au pays comme à Paris, et qui sera,..., l’irréfutable témoignage de notre solidarité régionale et de notre fierté. »
L’élection fut très serré et Maurice Solignac l’emporta d’une seule voix devant Raymond Blat. Le nouveau président désigna ce dernier comme premier vice-président de l’Amicale. Comme Maurice Solignac le disait alors, les deux concurrents se retrouvaient amis pour travailler à la grandeur de l’Amicale. Ils le resteront durant les 23 ans de sa présidence et bien au-delà.
L’engagement de Maurice Solignac fut dans la lignée des mots de Jules Baldit lors de son élection. La solidarité n’était pas un vain mot. Cela se manifesta notamment par l’organisation de grand banquets prestigieux qu’il faisait présider par des personnalités en vue. Ce fut, Monseigneur Marty dans les salons de l’Hôtel Lutetia. Ce fut Jacques Chirac à l’Hôtel Méridien Montparnasse. Ce fut bien d’autres encore... Ces manifestations, réunissant des centaines de personnes, étaient destinées à collecter des fonds pour soutenir des actions sur le canton, que ce soit aux bénéfices des sœurs gardes-malades, des sapeurs-pompiers, des écoles, des comités des fêtes et des clubs, mais aussi et surtout de la Maison de Retraite. Dans les années 1970, il apporta un soutien sans faille à l’Abbé Romieu pour l’aider à réunir le budget nécessaire afin de construire la nouvelle Maison de Retraite. Outre des dons conséquents faits par l’Amicale, cela se traduisit par la mobilisation de toutes les forces du bureau pour que l’Abbé puisse visiter toutes les familles originaires du canton installées sur Paris, y présenter son projet et amasser les deniers.
Maurice Solignac soulignait régulièrement l’importance du développement touristique pour le canton de Saint-Chély d’Aubrac (Il avait été directeur d’un centre de colonies de vacances et de classes de neige à Aubrac). Cela se traduisit notamment par le vote d’une subvention de l’Amicale le 7 janvier 1970 au profit de la constitution d’un syndicat d’initiatives.
Maurice Solignac était un meneur d’hommes et de femmes. Il s’entourait de personnes efficaces et savait les transcender. Lors de confidences, il a maintes fois vanté la qualité de ses équipes successives au sein de l’Amicale, sans lesquelles ils n’auraient pu mener les projets. Il avouait que ce n’était cependant pas toujours facile, et qu’il utilisait pour cela quelquefois quelques subterfuges. Ainsi, toujours pour la bonne cause bien évidemment, il racontait qu’il avait joué de la rivalité qui pouvait exister au sein du bureau entre les représentants de Condom et de Saint-Chély pour faire voter certaines décisions incertaines.
Le 25 avril 1989, Maurice Solignac quitta ses fonctions de président de l’Amicale de Saint-Chély. Il avait lancé quelques années auparavant une opération afin de faire entrer des jeunes dans l’Amicale. Et, c’est un de ces jeunes, Jean-Marie Fournier, qui lui succédera. Celui qui était devenu Président d’Honneur adhéra au changement dans le style que la nouvelle équipe a induit, même si cela heurtait peut-être des traditions qui lui étaient certainement chères. Il continua à apporter un soutien sans faille à l’Amicale.
En 1982, succédant à Robert Lhez, Maurice Solignac est élu, Président de la Fédération Nationale des Amicales Aveyronnaises (FNAA) à laquelle il donne un nouvel élan. Germe dans son esprit le projet fou de construire un immeuble permettant d’accueillir les jeunes aveyronnais venant s’installer à Paris, mais aussi d’offrir un espace aux entreprises du département venant s’implanter dans la capitale. Il mobilise le conseil d’administration de la FNAA mais aussi le Président de la Caisse Régionale du Crédit Agricole de l’Aveyron Raymond Mouly, son Directeur Général Guy Verdier, le directeur de la CASEG, Roger Ribeiro. Ensemble, ils conçoivent et construisent l’Oustal. Ce sera d’abord trouver un terrain. La rénovation du quartier de Bercy fournira l’opportunité de l’obtenir auprès de la ville de Paris. Ce sera financer le projet, sans aide publique mais avec le soutien de tous les aveyronnais, qu’ils soient installés dans le département, en région parisienne ou ailleurs. Ce sera rechercher un cadre juridique cohérent avec le projet et surmonter tous les obstacles administratifs, Ce sera aussi veiller à la bonne réalisation de la construction. La pause de la première pierre aura lieu le 23 décembre 1993 en présence de nombreuses personnalités, notamment Raymond Cayrel, alors sénateur de l’Aveyron. À cette occasion, Jacques Chirac, Maire de Paris, remettra à Maurice Solignac les plaques de la rue nouvellement créée : plaques estampillées « Rue de l’Aubrac ». Inauguré trois ans plus tard, le 23 décembre 1996, le bâtiment abrite 90 logements, mais aussi La CASEG filiale de la Caisse Régionale de Crédit Agricole, Groupama d’Oc et Via Santé ainsi que les « Salons de l’Aveyron », « L’Auberge Aveyronnaise » et plusieurs entreprises aveyronnaises. Il s’y ajoute « l’Espace Maurice Solignac », ouvert aux amicales pour leurs réunions et hébergeant aussi la bibliothèque. Après trois quinquennats, en 1997, Maurice Solignac quitte ses fonctions. Devenu président d’Honneur de la FNAA, il soutiendra son successeur Gérard Paloc et la nouvelle équipe pour faire vivre cet Oustal et l’amicalisme aveyronnais. Il tiendra ainsi à rester simple administrateur au conseil d’administration de l’association « L’Oustal » en charge de la gestion des studios, veillant au bon fonctionnement de ceux-ci.
Que ce soit dans son cadre professionnel, que ce soit dans ses activités amicalistes, Maurice Solignac a été un meneur d’hommes, rassembleur. Éleveur, il savait manier l’aiguillon avec brio. Connaissant l’importance des relations humaines, il savait en tant que cafetier restaurateur, combien les nourritures terrestres peuvent faciliter le dialogue pour conduire les projets qu’il portait. Profondément humaniste, il a été à l’écoute de chacun et prêt à aider ceux qui le sollicitait. Il aura toujours été fidèle à ces valeurs : la famille, le travail, l’honnêteté, l’entraide, la solidarité et le souci de l’avenir des jeunes, sans oublier la convivialité. Il sera resté très profondément attaché à ces racines de l’Aubrac, de l’Aveyron, à cette force issue du sol, à cette volonté de donner du sens à la vie. Tout cela l’a conduit à mener de nombreuses actions de solidarité, avec des résultats très concrets, comme peuvent en témoigner les 800 jeunes qui ont résidé à l’Oustal. Toute sa vie, il aura honoré sa maxime : « C’est une chance de naître Aveyronnais, c’est un honneur de le rester. »
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