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L'Oustal

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Né de la volonté de l’Amicalisme Aveyronnais, cet immeuble est destiné à rassembler en un lieu commun les espaces nécessaires aux activités des 300.000 Aveyronnais de Paris et tous les Aveyronnais d’Ici et d’Ailleurs. C’est un lien supplémentaire entre tout le mouvement amicaliste aveyronnais de par le monde, Paris et le département.
Construit à l’Initiative de la FNAA, il a été financé uniquement par l’épargne des Aveyronnais d’Aveyron et d’Ailleurs sans argent public.

La première pierre de l’Oustal a été posée le 23 décembre 1993, en présence de M. Jacques Chirac, maire de Paris, Jean Puech, ministre de l (...) Lire la suite >

Marché des Pays de l'Aveyron

Le département de l’Aveyron est riche d’un grand nombre d’entreprises familiales, artisanales ou industrielles concevant et fabriquant des produits de haute qualité. Le Marché des Pays de l’Aveyron se veut être une vitrine de la technicité de ces artisans et producteurs du département. Au cours de cette manifestation, ils viennent faire partager au public leurs passions, traditions et savoir-faire.

A l'initiative de  Fédération Nationale des Amicales Aveyronnaises,   l’association des Producteurs de Pays et la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron,  le Marché des Pays de l’Aveyron se ve (...) Lire la suite >

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Actualité ,  Rencontre | 16-05-2022

Conférence "Le Rouergue sous les Armagnacs" organisée par la Fédération des Aveyronnais d'Ici et d'Ailleurs

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LE ROUERGUE SOUS LES ARMAGNACS

 

 

Armagnac, nous voilà aurions-nous  pu dire ce 9 mai en arrivant au Palais du Luxembourg où doit se tenir une conférence programmée par la commission culture de la FAIA (Fédération des Aveyronnais d’Ici et d’Ailleurs),

 

Beaucoup connaissent la maison dite d’Armagnac sur la place de l’Olmet à Rodez. En réalité cette maison ne fut pas celle des Armagnacs mais elle fut érigée à l’emplacement d’un ancien château et on prit l’habitude de la nommer ainsi. 

Mais qui sont ces Armagnac qui ont laissé une trace dans la mémoire collective ? C’est ce que notre conférencier M. Emmanuel Johans, Maître de conférence en  histoire du Moyen âge à l’université du Mans, nous propose de découvrir au travers de la conférence « Le Rouergue sous les Armagnacs »

Originaires de Gascogne, ils sont une famille de grands et puissants  féodaux du royaume de France au XIV et XVème siècle. L’un d’eux,  Bernard VII fut à la fois chef des Armagnacs et  connétable de France, c’est-à-dire chef des armées du roi, position suprême dans l’organisation du royaume.

 

Comment le Rouergue est-il arrivé dans l’escarcelle des Armagnacs ? Tout simplement par le jeu des mariages. Henri II comte de Rodez a deux filles à marier :  Valpurge qui épouse Gaston d’Armagnac et Cécile qui épouse  Bernard VI comte d’Armagnac, deux sœurs épousent deux frères. Au décès d’Henri II, dernier comte de Rodez autochtone, le Rouergue passe à Bernard VI par héritage qui le transmet à son fils Jean I, héritage confirmé par  le roi Charles V en récompense d’actions d’éclats sur les champs de batailles. Les comtes d’Armagnac deviennent ainsi comtes du Rouergue. 

Et pour bien marquer les territoires, les armes des deux Comtés vont s’entremêler pour donner un écu dit en langage héraldique : écartelé, aux 1 et 4 d'argent au lion de gueules, aux 2 et 3 de d’or au lion léopardé de gueules  (lion d’argent= Armagnac, lion d’or = Rodez) montrant ainsi que le Rouergue  ne fut pas considéré comme une possession mineure mais qu’il fut au contraire un des piliers du pouvoir des Armagnacs.

Revenons à la Maison d’Armagnac.

Elle   fut proche du pouvoir et de la famille royale liée par des mariages de bon aloi à toutes générations. Le plus prestigieux fut celui de  Bernard VII, un arrière-petit-fils de Bernard VI qui épousa  Bonne de Berry la cousine germaine du roi de France, Charles VI.

A chacun de défendre les intérêts royaux principalement par les armes lors de la guerre de Cent ans, ce qui leur valut de recevoir titres et possessions. Le domaine devint si étendu que les comtes voulurent être aussi grands que le roi, se faisant couronner dans la cathédrale de Rodez par l’évêque. Rodez avait des privilèges régaliens permettant notamment couronnement, levée d’impôt, battre monnaie. Mais ils ne réussirent pas à s’affranchir de la tutelle royale.

Pour gérer un si grand domaine, ils mirent en place un système de décentralisation quasi- féodal. Le Rouergue est divisé en châtellenies comtales qui regroupent les fonctions administratives, militaires et financières. Quatre d’entre-elles dominent par leur emprise : Laguiole, Saint-Géniez d’Olt, La Roque Valzergues et Cassagne Bégonhès.

Chaque châtellenie a son château fortifié où des chambres sont toujours préparées pour les comtes et leur suite lors de leurs tournées d’inspection ou visites. À la tête, un châtelain ou un sénéchal qui  y exerce les pouvoirs par délégation :  pouvoirs financiers en levant les impôts, pouvoirs de haute justice, compétences dans le traité de paréage  entre l’évêque et le comte, pouvoirs de lever des hommes, pouvoirs de recevoir les hommages des vassaux. Un  bailly, des notaires pour authentifier les actes et les contrats, des commis, gens du cru spécialisés en droit, en finances, complètent cette administration territoriale assez sophistiquée. Concessions ou nominations, les comtes surent  conserver l’essence de la mentalité rouergate de l’époque respectant les coutumes et les hommes en place, leur conservant leur fonction et s’appuyant sur eux pour gouverner. Nul besoin d’être noble pour occuper ces fonctions.

Tous sont rémunérés pour tenir ces emplois et peuvent aussi être révoqués ou déplacés même si pour certains ils ont fait partie de concessions vendues lorsque  le besoin se fait sentir de renflouer les caisses des Armagnac quel que soit leur statut. Ainsi Guillaume de Soulages conseiller de Bernard VII qui avait reçu la châtellenie d’Entraygues dut la rendre quelques années plus tard au gré de nouvelles nominations. Rien n’est acquis, les comtes d’Armagnac gardent le pouvoir suprême sur le Rouergue. Néanmoins, la qualité de l’organisation et des hommes dépassa les limites du Rouergue et l’on retrouve des Rouergats en  postes dans les instances royales comme Pierre de Valette un financier réputé ou Guillaume de Soulages, conseiller de Bernard VII.

 

Rodez est-elle une châtellenie ? non, Rodez est une ville coupée en deux parties : la Cité, territoire de l’évêque et le Bourg, territoire du comte, un traité de paréage partage le Comté du Rouergue, chacun ayant l’égalité des pouvoirs et des revenus. Lors de ces passages dans le bourg, le comte occupe le couvent des Cordeliers aujourd’hui hui disparu. C’est un bâtiment hors les murs du Bourg, fortifié qui fut fondé par les comtes de Rodez ce qui légitimise l’occupation par les Armagnacs héritiers du Comté. Le comte et parfois accompagnée de la comtesse y ont leurs chambres, leur personnel à demeure (écuyers, gardes, domestiques) Ce lieu fut tellement prisé qu’il deviendra la nécropole des comtesses comme Cécile de Rodez  épouse de Bernard VI d’Armagnac ou Bonne de Berry épouse de Bernard VII. Aujourd’hui, il ne reste aucun vestige de ces sépultures.

S’il le comte ne réside pas au couvent des Cordeliers, il occupe principalement le château de Gages où un étage supplémentaire fut construit pour y faire tenir des chambres et une grande salle de réunion (conseils banquets réceptions)

 

Les Armagnacs atteignirent une position dominante en s’appuyant sur le Comté du Rouergue, gérant toute cette province avec diplomatie et rigueur, Jean V dont la conduite agaça le roi, mourut assassiné en 1473, il fut le dernier comte d’Armagnac et Rodez. Le Comté du Rouergue fut démantelé en fiefs redistribués notamment à ceux qui avaient permis l’élimination de Jean V.  Cet assassinat signait la fin de la puissance des Comtés  au profit d’un pouvoir régalien avec l’avènement de Louis XI, Il faudra attendre Henri IV en 1607 pour que le Rouergue soit rattaché à la couronne royale.

 

C’est le clap de fin ou de faim qui a fait revenir les auditeurs à notre époque. Nous avons traversé les cours du Palais du Luxembourg pour nous rendre dans les salons de restauration tout en devisant sur  ces gens du passé avec qui nous venions de passer un moment. 

Après l’apéritif royal, nous permettant d’aller à la rencontre de nos amis ravis de ces retrouvailles, nous avons rejoint les tables joliment dressées et nous  avons continué notre voyage dans le temps, notre conférencier répondant aux dernières questions des auditeurs. S’en ait suivi un repas d’excellence mariant le foie gras à la viande tendresse, les tartes aux fraises à la chantilly. Nonobstant la qualité de notre intervenant, ce repas succulent à lui seul valait l’inscription à la soirée !

Merci à M. Jean -Claude Anglars, sénateur qui nous a ouvert les portes du Palais du Luxembourg, Merci à M. Emmanuel Johans pour son exposé, Merci à la Fédération des Aveyronnais d’Ici et d’Ailleurs pour avoir organisé cette rencontre passionnante et amicale.

 

 

Marie Luxembourg 

Commission culture de la Fédération des Aveyronnais d’Ici et d’Ailleurs